Les moyens
qu’on est supposé avoir en main pour résoudre les problèmes se réduisent à un
Plan, une Règle, un Compas, une Plume(L.Bertrand1778). Malala, jeune
Pakistanaise de 16 ans, dans son discours devant l’Onu le 12 juillet a laissé
entendre qu’avec un enfant, un stylo, un enseignant, un livre on peut changer
le monde. Il est dit que la plume est l’arme la plus puissante du monde. Les
guerres commencent par la plume et la fin est toujours marquée par un stylo.
Pour résoudre une crise, il faut une plume. Le 7 avril 2011 a marqué le 139e
anniversaire de naissance d’Etzer Vilaire dont la contribution à
l'épanouissement de la littérature haïtienne ne peut souffrir de contestation.
Si le 7 avril 1872 fut un des jours les plus ordinaires sur le plan météorologique,
il augura par contre l'arrivée sur la terre d 'Haïti (à Jérémie) d'un écrivain
dont la pensée philosophique ne saurait être jetée aux oubliettes. L'immense
œuvre poétique totalise 750 pages, soit plus de 13.000 vers laissée par Etzer
Vilaire. Ces vers constituent pour nous aujourd’hui une source d’inspirations
et de réflexions.
Dans la
littérature haïtienne de ce 19esiècle, nous avons étudié ce poète répondant au
nom d’Edzer, natif de Jérémie. Ce dernier a analysé avec la plus grande finesse
les crises qui traversent la société haïtienne et dans le but de les décrypter a écrit un texte (poème) portant le
titre de Dix Hommes Noirs. Ces dix hommes sont des amis qui sont
accablés par l'infortune et décident de se donner la mort. Ils se
retrouvent un soir dans un manoir lugubre et retiré pour un ultime festin ; là,
chacun expose l'enchaînement des malheurs qui ont forgé sa décision, prononçant
chacun une parole motivant sa décision.
Le 4e
personnage a prononcé une parole écœurante qui retient l’attention de tout le
monde « Je meure mille mort au lieu d’une».
Voulant
faire transcender cette assertion, on dirait que l’éducation en Haïti traverse
mille crises au lieu d’une. Ce fameux
poète, dans cette même lignée a fait accoucher d’autres réflexions en disant «
Je n’ai pas écrit pour les amateurs d’exotisme, mais j’ai pensé et j’ai écrit
pour ceux que tourmentent les drames de la vie, les problèmes de la destinée et
de l’âme ». Donc, il a utilisé sa plume pour soulager les vulnérables, décrire
leur sort, lutter contre les inégalités sociales, culturelles, abus. Dans ce
même refrain, nous voulons apporter une contribution à notre éducation en Haïti
qui produit des corrompus pour la société (Tardieu, 2014). L’école traverse des
crises, il faut que tous les intellectuels, les acteurs de la vie sociale se
fassent armer de leur plume pour panser les plaies du système. Notre éducation
est traitée de tous les maux du monde. Elle est classée en position inferieure
par les organisations internationales telles que UNESCO, UNICEF, PISA, il faut
un plaidoyer pour une refonte du système.
La réforme
du système ne peut être faite par des
étrangers, mais des intellectuels, des professeurs, des enseignants, des
éducateurs, des citoyens conséquents. La rédaction de ce document laisse
entendre que nous avons épousé les causes du déclin du système éducatif haïtien
pour y apporter certaine amélioration. Avec une plume, une volonté, une idée on
peut changer un monde, un système, une situation.
Albert
Camus a dit un jour que "L’école prépare les enfants à vivre dans un monde
qui n'existe pas". Le système d'éducation actuel est une relique obsolète,
pleine de règles et de schémas nuisibles et limitants. Il est grand temps de
dire tout haut ce qu’exactement l'école fait "mal" et pourquoi cela
arrive.
D’entrée de
jeu, on peut définir le manuel scolaire comme un ouvrage didactique présentant,
sous une forme maniable, les notions essentielles d’une science, d’une
technique exigée par les programmes scolaires, selon le Petit Robert.
Un manuel
scolaire est un livre spécial et particulier. Cette particularité correspond à
son utilisation. Il sert au professeur en classe, pour donner un cours à ses
élèves, en fonction d’un programme établi par l’Éducation Nationale. Son
contenu, son apparence, son format, son épaisseur, les matériaux avec lesquels
il est fait sont choisis en tenant compte de cette utilisation particulière. Un
livre est un document de lecture, mais loin d’être un manuel scolaire qui est
un document d’apprentissage à l’école pour les élèves.
L’abondance
des illustrations dans les manuels scolaires d’aujourd’hui est un fait réel. Il
suffit de comparer n’importe quel manuel scolaire des années soixante, par
exemple, à un manuel scolaire de nos jours (2019). On a tôt fait de constater
que la quantité des illustrations a augmenté au cours des années. La question
que l’on peut se poser au vu de ces nombreuses illustrations est de savoir si
elles ont un rôle particulier ou si elles sont simplement un fait de mode.
Cette question constitue en quelque sorte la problématique de notre travail et
plus précisément, nous nous demanderons si ces illustrations ont une fonction
quelconque, notamment si elles sont un support à l’apprentissage. Autrement
dit, est-ce que les illustrations dans les manuels ont une pertinence
pédago-gique dans l’enseignement préscolaire, fondamental, secondaire ?
Notre
objectif dans ce travail est de répondre à cette question en étudiant les
illustrations dans les manuels scolaires haïtiens. Pour limiter notre objet
d’étude, nous nous concentrerons plus particulièrement sur les photographies ou
autres illustrations à contenus culturels et sans négliger les illustrations
d’exercices, de règles de grammaire ou de situations de conversations, etc. Le
rôle de la culture dans l’apprentissage des langues est non seulement évident
et nous en parlerons en détail.
L’enseignement
et l’apprentissage sont fondamentalement des activités de traitement
d’informations. Dans une situation d’enseignement, une personne, un enseignant
en l’occurrence à partir d’un curriculum généralement défini à l’avance
planifie une séquence d’actions pédagogiques en vue de permettre à une
personne, un élève, de s’approprier des connaissances qu’il ne maitrisait pas
d’une façon jugée satisfaisante juste qu’à ce moment précis Tardif, (1992).
Toutefois, ce processus d’enseignement et d’apprentissage, dont parle l’auteur,
doit impliquer obligatoirement un changement de conduite chez l’apprenant qui
est de son côté le fruit d’un concept polysémique à savoir l’apprentissage que
l’on définit comme étant un processus inféré non directement observable, et des
modifications persistantes du comportement attribuable à l’expérience et /ou à
la pratique de l’organisme (Malcuit ; Pomerleau, 2009).
Cependant,
pour arriver à un enseignement efficace, il faut tenir compte du concept de la
transposition didactique qui met l’accent sur les facteurs essentiels pouvant
aider les planificateurs de cours à atteindre leurs objectifs ainsi que des
différents niveaux de savoir : le savoir savant, le savoir à enseigner, le
savoir enseigné sans oublier le savoir appris. Il y aura aucune possibilité
d’accès à ces savoirs en absence d’un bon manuel. Toutefois, on a pu constater
une pénurie ou une carence de manuels scolaires.
Le manuel
scolaire est un vecteur essentiel d’instruction et de socialisation, il est
porteur de savoirs, mais également de normes et de valeurs. Les manuels
scolaires sont comme des outils de réconciliation, cela veut dire que les
manuels ont un impact sur le mode de fonctionnement de la société. Il est loin
d’être secret pour quiconque que la plupart des écoliers haïtiens n’ont pas de
livres, ouvrages pédagogiques (manuels scolaires). Les élèves copient les notes
du professeur dans leur cahier ou sur des feuilles volantes pour les étudier.
La situation économique difficile des parents ne les permet pas de se procurer
des livres étrangers qui se vendent sur le marché avec un prix exorbitant. Les
écoles congréganistes dites grandes écoles et certaines écoles laïques, pouvant
placer des commandes, utilisent des ouvrages étrangers pour toutes les classes
du secondaire ainsi que pour certaines classes du fondamental.
Pour une
bonne partie des écoles privées qui n’ont pas les moyens, à l’instar des
grandes écoles, de faire des commandes d’ouvrages, utilisent des ouvrages élaborés
par les producteurs haïtiens. Cependant, Haïti fait face actuellement à une
pénurie de producteurs ou d’élaborateurs de manuels. Car, nous ne disposons pas
de centre où l’on fournit une formation en élaboration de manuels scolaires.
Ceux qui s’en chargent, ce sont les enseignants eux-mêmes ou d’autres amateurs
qui tentent de prendre un marché lucratif, de combler un vide. Ce faisant, il
ne va pas de soi que tous les aspects de la production d’un manuel soient pris
en compte par les amateurs. Sachant que la didactique est la science de la
planification des cours, la planification des cours enclenche l’importance du
cours. Comment peut-on apprécier l’importance des manuels dans la transmission
des savoirs?
Particulièrement
sur le savoir enseigné, les contenus peuvent ne pas être adaptés au niveau des
apprenants, aux objectifs tant généraux que spécifiques si les manuels sont
rédigés en dehors des normes établies par les tenants de la communauté
scientifique. Or les manuels sont considérés comme le plus important outil car
90% du temps de l’instruction sont structurés autour des manuels ou livres de
texte (Tyson ; Bernstein, Woodward, 1991, cité par Tietz, 2007).
Aujourd’hui,
en tant que partie sensible du curriculum, le manuel scolaire fait l’objet de
grandes recherches. Ce précieux instrument attire les regards de tous les
agents éducatifs et suscite de plus en plus l’intérêt des milieux scolaires et
universitaires (Roselor François, 2011).
Dans le
cadre de ce travail, l’accent sera mis sur les différentes études portées dans
ce champ, les différentes approches seront mises en évidence, les réalités
sociales et éducatives sous l’angle de ces approches seront décryptées.
Me Exumé FLEURIMOND